Un murmure doux et léger
À l’occasion de la Pentecôte, nous avons (ré)entendu son récit (Actes 2), où Dieu, soit le Saint Esprit, se manifeste par le bruit d’un violent coup de vent, puis par des langues de feu sur les têtes des disciples, qui se mettent à parler toutes les langues. Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai jamais eu le privilège d’assister à une telle apparition divine grandiose et spectaculaire. C’est de façon tout à fait différente que Dieu s’est montré au prophète Elie (1 Rois 19:11 s.). Il y eut d’abord une tempête avec un vent fort et violent, mais l’Eternel n’y était pas. Il n’était pas non plus dans le tremblement de terre qui suivait, ni dans le feu. Lorsque Dieu est enfin apparu, c’était dans un murmure doux et léger.
Dans notre monde bruyant et avide de mises en scène éblouissantes, nous partons tout naturellement de l’idée que Dieu ne manquera pas de faire une entrée fracassante dans nos vies s’il devait souhaiter manifester sa présence. Nous oublions ainsi que, pour la très grande majorité d’entre nous, Dieu se montre tout discrètement : dans l’aube fraîche et prometteuse d’un beau jour d’été, dans un geste bienveillant qui nous est offert, dans un moment de joie et de convivialité partagée avec notre famille ou nos amis.
Ne nous laissons pas abasourdir et aveugler par le tumulte qui nous entoure, mais ouvrons nos sens et nos cœurs pour remarquer et apprécier ces moments de présence divine dans nos vies.
Stephan Kronbichler
Président du Conseil Synodal
Article À propos de la page Eglises du Nouvelliste paru le 21 juin 2025
Présence et souffle de vie
Lorsque nous célébrons les deux solennités que sont l’Ascension et la Pentecôte, deux promesses fondamentales résonnent : celle de la présence indéfectible du Christ à nos côtés, chaque jour, et celle du don de l’Esprit-Saint.
Ces promesses chrétiennes prennent une résonance toute particulière en ces temps de bouleversement, alors que le Valais est profondément affecté par la destruction du village de Blatten et par l’insécurité dans le Val de Bagnes.
La présence de l’Esprit de Dieu parmi nous ne supprime ni les épreuves ni les tragédies. Les événements récents survenus dans le Lötschental nous en offrent un douloureux témoignage. Pourtant, cette présence promise par le Christ est une force vivifiante, une source inépuisable de courage et d’espérance.
Elle éveille en nous la tendresse et la solidarité, à l’image des mains secourables qui se tendent, des dons généreux, des prières ferventes et des messages empreints de compassion venus de tout le canton, et de bien au-delà. Tel un souffle fraternel qui traverse les frontières visibles et invisibles, elle unit et réconforte.
Que ce souffle continue d’animer nos existences, qu’il fortifie nos cœurs dans l’épreuve et qu’il ravive en nous cette promesse intemporelle du Christ : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. » (Matthieu 28,20)
Pasteur Gilles Cavin
vice-président du Conseil Synodal
Un nouveau pape… et alors ?
L’élection d’un nouveau pape intéresse aussi bien les catholiques que les protestants, même si ces derniers sont moins concernés. Le choix du Conclave suscite toujours des réactions contrastées. Certains se réjouissent, espérant un souffle nouveau pour l’Église catholique. D’autres regrettent, redoutant un virage qui ne correspond pas à leurs attentes.
Il est difficile de prédire précisément les orientations que prendra Léon XIV. Son parcours, son engagement social et son expérience pastorale laissent entrevoir une sensibilité aux défis contemporains. Mais au-delà de sa personne, cette élection est une occasion précieuse de réflexion: par-delà les confessions catholique ou réformée, qu’attendons-nous de l’Église? Nos réactions face à ce changement révèlent souvent nos aspirations profondes, et parfois nos inquiétudes quant à l’avenir de l’Église. Le positionnement de l’Eglise dans la société dépasse les frontières confessionnelles: il interroge notre rapport à la foi, à la tradition et à l’évolution du monde dans lequel elle doit pouvoir accomplir sa mission d’annoncer l’Evangile.
L’élection de Léon XIV ne se réduit donc pas à un changement de figure; elle nous invite à nous questionner sur ce que nous voulons pour l’Église d’aujourd’hui et de demain. Elle nous rappelle aussi que l’avenir de l’Église ne repose pas uniquement sur ses dirigeants: il dépend de chacun d’entre nous. À notre niveau, par nos engagements et nos choix, nous participons à la construction de cette Église que nous souhaitons plus vivante, juste et accueillante.
Pasteur Gilles Cavin
Vice-président du Conseil Synodal
À Propos paru dans la Page Eglises du Nouvelliste du 17 mai 2025
Valeurs chrétiennes qui guident vers la Lumière
Cet automne, le jeu de couleurs offert par le vignoble valaisan fut particulièrement beau. Selon le cépage planté, chaque parcelle arborait une couleur différente: jaune vif, rouge flamboyant, ocre timide… On aurait dit un immense tapis noué par un créateur doté d’une fantaisie débordante.
Malgré ces innombrables nuances – le Valais compte une centaine de cépages différents -, il n’y avait rien de chaotique dans ce spectacle. Chaque parcelle est clairement délimitée par rapport à ses voisins, et les vignes sont organisées en rangées propres et rectilignes donnant à chaque cep la place nécessaire pour son bon développement. Chaque plant se tient à son piquet, qui lui permet de grandir et de pousser vers le haut, vers le soleil.
Si le vin tient une place importante dans la culture valaisanne, le vignoble est à l’image de notre société. Nous sommes tous différents, et tant mieux, car c’est une richesse ! Qui voudrait boire toujours le même vin à longueur d’année ? Nous avons des règles que nous respectons, et nous n’empiétons pas sur le terrain de nos voisins, en laissant à chacun la place dont il a besoin.
Cependant, et c’est le plus important, nous partageons les mêmes valeurs : des valeurs chrétiennes qui nous offrent un appui solide, qui nous aident à grandir et qui nous guident vers le haut, vers la lumière. Elles sont essentielles, ne les oublions pas !
Stephan Kronbichler
Président du Conseil Synodal
À Propos paru dans la Page Eglises du Nouvelliste du 18 janvier 2025
Que fleurissent nos cimetières !

Soyons Toujours Heureux

Conjugaison
Konjugation




Portez les fardeaux les uns des autres,
et vous accomplirez ainsi la loi de Christ.
Galates 6,2
Un peu, beaucoup, passionnément…
La marguerite, fleur de saison, nous parle d’amour. Dans le langage des fleurs, elle dit « Vous êtes la plus belle ». Enfant… ou plus grand, vous l’avez certainement effeuillée, pour savoir si vous étiez aimé, en psalmodiant « Il ou elle m’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout, un peu, beaucoup, passionnément… ». Cette petite fleur des champs, que l’on pourrait juger insignifiante ou faible, est comme vous et moi créée, voulue par Dieu !
Et avec Dieu, nul besoin de compter ; il nous aime toujours à la folie ! Folie d’avoir laissé les humains crucifier Son Fils, folie d’avoir pardonné ce crime…
La folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes, lit-on chez Paul (I Corinthiens 1, 25)
La folie de Dieu, c’est de nous aimer sans compter, sans condition, parce que nous sommes là. Tous les jours, quelles que soient nos actions. Toutes les heures, quelle que soit notre humeur. Toutes les secondes… N’est-ce pas souvent bien plus que nous ne nous aimons nous-mêmes ?
Gwendoline Noël-Reguin, Diacre
Vacances… Quelle liberté ?
Pour beaucoup, les vacances riment avec liberté et c’est logique. Enfin débarrassés des contraintes liées au travail, le monde nous paraît différent, plus léger, même plus ensoleillé. De nouveaux possibles s’ouvrent à nous. Mais est-ce vraiment le cas ?
Au premier abord, bien sûr. C’est le temps des longues soirées, des voyages, de la dolce vita. Et pourtant, si le temps des vacances est souvent attendu et désiré, il n’est pas exempt de contraintes. Elles sont de deux ordres : les premières liées à nos limitations, les secondes liées aux pressions extérieures qui nous enjoignent à réussir nos vacances.
Dans l’imaginaire collectif, avoir des vacances c’est partir, profiter, exploiter ce temps au maximum. Cela nous est rapidement rappelé lorsque nous parlons de nos vacances. Nous nous trouvons confrontés à la question « Tu vas où ? », petite phrase qui en dit long sur ce que devraient être des vacances réussies. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter les réseaux sociaux et de voir les photos publications de nos « amis » dévoilant des lieux tous plus paradisiaques les uns que les autres, embellis par des images souvent retouchées par des filtres ou recadrées à volonté. Là encore les choses se compliquent, il va falloir se dédouaner immédiatement du bilan carbone assombri par le vol en avion.
Si notre liberté subit les pressions et les influences de la société, les contraintes sont souvent bien matérielles : la santé, les finances, la solitude. Autant de limitations qui semblent aujourd’hui rédhibitoires pour des vacances réussies. Et la liberté dans tout ça ?
Résolument, elle ne se trouve pas dans les projets entrepris ou espérés. S’il faut la chercher quelque part, c’est dans la possibilité d’être nous-mêmes en embrassant nos existences dans leurs réalités respectives. Le temps de vacances devrait être un espace où nous pouvons vivre pleinement sans les diktats des « il faut » et des « je dois ». Elle n’est donc pas une liberté du faire, mais bien du être. On rejoint une thématique présente dès les premières pages de la Bible : vivre pleinement sa vocation humaine, celle d’être enfant de Dieu dans tous les aspects de nos vies.
Si les vacances sont un espace de liberté, elles devraient avant tout être cela : le temps de se déconnecter des injonctions sociales, familiales et professionnelles qui nous empêchent de vivre pleinement notre vocation d’humain. Il est souvent bien difficile d’y parvenir dans nos quotidiens, absorbés que nous sommes par la multiplicité des occupations, des responsabilités.
Les vacances ne sont pas tant une liberté à gagner, mais bien plutôt une liberté à recevoir. Pour en être les réceptacles, il est nécessaire d’accepter une forme de mise à nu pour vivre l’essentiel : soi, les autres et le Tout-Autre. Les billets d’avion, les palaces et les lointaines contrées ne sauraient nous donner cette liberté reçue par le souffle de Dieu.
Gilles Cavin, pasteur
“Je suis le bon berger” (Jean 10,11)

Du courrier !
Qui d’entre nous écrit encore de vraies lettres ? Celles qui nécessitent de trouver au même moment et au même endroit une plume, du papier (joli, de préférence), une enveloppe et un timbre.
Ensuite, cette lettre sera apportée à la Poste ou déposée dans l’une des nombreuses boîtes jaunes que l’on trouve encore parsemées dans nos quartiers. Affranchie, timbrée, cette lettre prendra parfois des chemins tortueux pour rejoindre son ou sa destinataire.
Ainsi en est-il du message de Dieu pour les humains : il prend des chemins par moment tortueux pour toucher nos cœurs et, parfois, changer nos vies.
Reste alors un défi pour nous, chrétiens et chrétiennes : vivre en toute liberté dans ce monde qui est le nôtre – sachant que ce n’est pas le Royaume – tout en n’étant pas dans un décalage trop important… Pour le dire autrement : être affranchi·e sans être timbré·e… Tout un programme !
Gwendoline Noël-Reguin, Diacre
Poussières sahariennes
À plusieurs reprises ces dernières semaines, nous avons pu observer cette luminosité étrange occasionnée par la présence de poussières sahariennes dans l’air. Lorsque le sable se dépose au sol ou sur des objets, cela ne semble pas grand-chose, mais la totalité de la poussière présente dans le ciel suisse peut dépasser la centaine de milliers de tonnes.
Nous considérons souvent ce phénomène négativement. Il voile le soleil et salit les voitures, les vitres et bien d’autres choses. Pourtant, à y réfléchir, cela paraît fou que le vent puisse ainsi transporter autant de matière sur de si grandes distances.
Cette force, visible uniquement par les effets qu’elle produit, n’est pas sans nous rappeler le souffle de Dieu. Jésus lui-même utilise l’image du vent pour parler de l’Esprit Saint. En discussion avec Nicodème, qui se questionne sur la nouvelle naissance, le Christ lui dit : « L’Esprit, comme le vent, souffle où il veut ; tu entends le bruit qu’il fait, mais tu ne sais pas d’où il vient, ni où il va. Voilà ce qui se passe pour toute personne qui naît de l’Esprit de Dieu. » (Jean 3,8).
Des paroles déroutantes, mais aussi pleines d’espérance !
Si le vent du Sud change le ciel de nos montagnes, le souffle de Dieu peut lui aussi transformer les cieux de nos vies. Par son action en nous, il nous rappelle qu’à la suite de Pâques, la mort fait place à la vie, la haine à la compassion, et le désespoir à l’espérance.
Que le souffle de Dieu se manifeste dans nos existences pour nous éveiller à la vie en Dieu !
Gilles Cavin, pasteur